
Prévenir les risques liés aux cavités souterraines grâce au SIG
.png?width=798&height=690&name=User%20Case%20Hubspot%20(4).png)
Industry
Collectivités territoriales
Le challenge
Chartres est confrontée à un risque majeur lié à la présence de nombreuses cavités souterraines, qui peuvent provoquer des effondrements et des désordres structurels. La ville doit également se conformer à la réglementation en vigueur et sensibiliser les habitants aux risques potentiels.
La solution et les résutats
La ville de Chartres a réussi à recenser et diagnostiquer une grande partie des cavités souterraines. Des mesures de sécurité ont été mises en place, et la sensibilisation des habitants a été améliorée grâce à des campagnes d'information.
La plateforme
ArcGIS
Le projet PAPRICA nous a permis de mieux comprendre et gérer les risques liés aux cavités souterraines. Nous avons pu sécuriser de nombreuses zones critiques.
Jean Dupont
Chef de projet caves/cavités

La Ville de Chartres
La ville de Chartres, comme de nombreuses communes françaises, repose sur un sous-sol riche en cavités issues de l’exploitation ancienne de carrières et de caves, parfois datant de l’Antiquité. Ce réseau souterrain constitue un risque latent pour la sécurité des personnes, des bâtiments et de l’espace public. Les effondrements peuvent provoquer des sinistres coûteux, voire mortels.
Conscients de ces enjeux, les élus de la métropole de Chartres ont initié en 2017 un vaste programme de recensement et de gestion des cavités souterraines. Sept ans plus tard, ce projet s’appuie sur une infrastructure SIG robuste, qui centralise les données, facilite la planification urbaine, et soutient la prévention des risques à travers des outils de visualisation et d’aide à la décision.
Objectifs et cadre réglementaire
Le projet répond à deux impératifs :
-
Responsabilité civile : selon le Code civil, le propriétaire du sol est également responsable du tréfonds. Cela implique qu’en cas d’effondrement d’une cavité privée, la responsabilité incombe au propriétaire.
-
Obligations des communes : l’article L.563-6 du Code de l’environnement impose aux collectivités compétentes en urbanisme de recenser les cavités et de délimiter les zones à risque, sous peine d’amendes allant jusqu’à 30 000 € en cas de non-signalement.
Le programme a donc pour ambition de :
-
Identifier et cartographier les cavités sur l’ensemble du territoire.
-
Fournir un outil de suivi, d’analyse et de décision aux services techniques.
-
Intégrer cette donnée dans les documents d’urbanisme et les politiques publiques locales.
Chronologie et mise en œuvre
Voici les grandes étapes du projet :
Année | Étapes clés |
---|---|
2017 | Lancement du projet via un recensement historique (archives, référés, témoignages, fouilles). |
2020 | Création de la première base de données SIG « caves/cavités ». |
2021 | Recrutement d’un chef de projet dédié. |
2022 | Candidature au programme national PAPRICA. |
2024 | Bilan : 1230 cavités recensées, 420 visitées, 100 détruites après fouilles (≈ 3 ha, 670 bâtiments concernés). |
Ce projet est un exemple emblématique d’intégration des données patrimoniales et géologiques dans un système d’information opérationnel, utile à la fois aux services techniques, aux élus et aux citoyens.
Géologie et risques structurels
Le sous-sol de Chartres est particulièrement propice à la formation de cavités, en raison de sa situation géologique dans le bassin parisien. Deux ensembles dominent :
-
À l’Est : des calcaires lacustres et des marnes.
-
À l’Ouest : des craies crétacées riches en silex, très exploitées historiquement.
Ces formations ont été creusées pour extraire des pierres à bâtir dès l’Antiquité, jusqu’à l’arrêt des exploitations au XXe siècle. Les anciennes carrières sont souvent situées sous des zones urbanisées, voire sous des monuments historiques ou des établissements recevant du public (ERP).
Le phénomène n’est pas qu’archéologique : de nombreux effondrements ont été recensés, comme celui survenu rue des Écuyers en juillet 2022, touchant trois bâtiments et déclenchant une procédure CATNAT.
Dispositif technique mis en place
1. Base de données géographique structurée
Dès 2020, les données issues de sources hétérogènes (archives, fouilles, repérages) ont été intégrées dans une base de données SIG permettant de :
-
Localiser chaque cavité sur une carte interactive.
-
Documenter leurs caractéristiques : origine, nature, accessibilité, niveau de risque.
-
Croiser ces informations avec les données du cadastre, des bâtiments et des réseaux.
2. Outils de terrain et diagnostics
Le projet s’est doté d’équipements de pointe :
-
Détecteurs de gaz et masques auto-sauveteurs pour les visites.
-
Spéléophones pour la communication dans les cavités.
-
Scan 3D pour modéliser précisément les volumes souterrains (acquisition en 2023).
Ces outils permettent une reconnaissance fiable des cavités et des diagnostics de stabilité dans le cadre de plans de prévention ou d’interventions d’urgence.
3. Cartographie et interface utilisateur
Les données sont accessibles via une interface SIG permettant :
-
La visualisation par couches (géologie, urbanisme, cavités).
-
Le filtrage par niveau de risque ou zone.
-
L’édition et la mise à jour en continu.
Ce portail est interconnecté avec la plateforme nationale GEORISQUES, facilitant les échanges avec les services de l’État.
Résultats concrets
Un inventaire opérationnel
-
1230 cavités recensées.
-
420 visitées et relevées sur site.
-
100 détruites ou étudiées lors de fouilles préventives.
Des usages multiples de la donnée SIG
-
Urbanisme : intégration dans les documents d’urbanisme, limitation des constructions en zones à risque.
-
Patrimoine : revalorisation de caves anciennes, certaines datant du XIIe siècle.
-
Sécurité civile : planification des interventions et mesures de protection (fond Barnier, CATNAT).
-
Communication : meilleure information des citoyens sur les risques.
Cas concrets de prévention
-
Quartiers où la présence de caves effondrées a nécessité l’interdiction d’accès ou la réhabilitation complète de bâtiments.
-
Amélioration de la résilience du domaine public : repérage de galeries proches des voiries et réseaux sensibles.
Le rôle central du SIG dans la gouvernance locale
Le SIG a permis de centraliser, structurer et exploiter une information jadis dispersée. Il s’est imposé comme un outil transversal :
-
Support aux décisions politiques (programmation d’aménagement, gestion du foncier).
-
Partage de l’information entre services (urbanisme, sécurité, patrimoine).
-
Pilotage de projets comme le programme PAPRICA (Prévention des Risques liés aux Cavités).
Le SIG a également renforcé la culture du risque au sein de la collectivité, en rendant visible un danger souvent invisible.
Facteurs de réussite
-
Volonté politique forte dès 2017.
-
Ressources humaines dédiées (chef de projet, équipe SIG).
-
Interopérabilité des outils avec les plateformes nationales.
-
Formation et sensibilisation des agents et élus.
-
Vision à long terme inscrite dans la stratégie territoriale.
Perspectives
À l’avenir, le projet prévoit :
-
Une mise à jour régulière de l’inventaire via la déclaration citoyenne.
-
Le développement d’un module d’alerte en cas d’effondrement.
-
Une intégration plus poussée dans les politiques d’aménagement (zonages PLU, projets d’infrastructure).
-
L’élargissement de la démarche à l’échelle intercommunale ou départementale.
Conclusion
Le cas de Chartres illustre comment un SIG bien conçu devient un véritable levier de prévention des risques. Grâce à une démarche progressive, concertée et techniquement aboutie, la métropole a su transformer une contrainte géologique en un atout de gouvernance locale.
En articulant données historiques, outils de terrain, et intelligence spatiale, le projet offre un modèle reproductible pour toutes les collectivités confrontées à des risques liés aux cavités souterraines.